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L’ile chamallow (7-9 ans)

Winnie somnole au pied d’un arbre, la main plongée dans une jarre de miel en marmonnant : pas touche c’est mon miel.

Son ami Ruben, roi de la grimpette, décide de partir à l’ascension de cet arbre qu’il ne connait pas. Le tronc est lisse, sans branche, rien pour l’agripper. Enfouie dans les herbes, se cache une échelle, il la cale contre le tronc et commence à grimper. L’échelle semble grandir au fur et à mesure. Il regarde en bas et voit Winnie endormi devenir de plus en plus petit, ça lui donne le vertige. Il s’enfonce dans les nuages et là, il atterrit sur le pont d’un bateau. Une baleine bleue avec des moustaches blanches le reçoit.

— Eh la qui va là ?

Inspecteur Gadget, chante Ruben dans sa tête, avant de répondre :

— Eh ben ça alors ! C’est pas un arbre !

— Eh non petit, c’est mon bateau.

La baleine sort une pipe de sa poche, l’allume et lui temps une nageoire.

— Capitaine Baleine pour vous servir. Qui es-tu, toi ?

— Ru, Ruben, bredouille Ruben qui essaie de serrer la nageoire du capitaine, mais ça glisse.

— Eh bien RuRuben, je pars en voyage, alors rentre chez toi.

— Oh non pas déjà ! Dis, je peux venir ?

— Si tu veux ma foi, un peu de compagnie ne se refuse pas.

— Attendez, je vais chercher un copain.

Et Ruben, avant que le capitaine ne puisse riposter, redescend l’échelle à toute allure et secoue Winnie.

— Reveille toi ! On part à l’aventure sur un bateau volant !

Winnie, ensommeillé répond du tac-o-tac.

— D’accord mais il me faut plus de miel.

Vite, il retourne chez lui, et revient chargé comme un mulet de pots de miel. Il a aussi troqué son t-shirt rouge trop petit pour une marinière trop petite aussi et ça fait bien rigoler Ruben.

Tous deux hissent l’arsenal tant bien que mal en haut de l’échelle et parviennent sur le bateau sans casser un seul pot. Capitaine Baleine les attend, surpris de voir ces bagages supplémentaires et un ourson en marinière. Il déplie les voiles, manœuvre à travers les nuages et ils se mettent en route. 

Winnie offre du miel au Capitaine Baleine et celui-ci, peu habitué à manger liquide, car il ne mange que du fromage, s’en colle plein les moustaches. 

Ruben grimpe à la vigie :

— Cap’taine Baleine ! Regarde, une ile !

— Ah oui, c’est l’ile chamallow. Tu veux y aller moussaillon ?

— Ouais ! Et Ruben danse d’excitation.

— Cap sur l’île !

— Dis Cap’taine Baleine, pourquoi elle s’appelle l’ile chamallow ?

— Tu verras !

Le bateau accélère, et l’ile se rapproche.

— Ça alors ! Winnie, regarde ca. L’ile est toute rose ! s’écrie Ruben.

Capitaine Baleine amarre son navire et s’avance sur le ponton. Le sol est mou. Ils sont accueillis par des poissons.

— Bonjour capitaine, vous nous amenez des invités ?

Tout à coup, un poisson avec des ailes bleues passe entre les jambes de Ruben. Deux policiers, des bars, le coursent, lui sautent dessus et le mettent dans une cage. 

— Mais que faites-vous à ce pauvre poisson ? demande Ruben surpris.

— Pauvre poisson ? Malheureux ! C’est un poisson chamallow. Une calamité.

— Mais pourquoi ?

— As-tu remarqué que l’ile est entièrement composé de chamallow ? 

— Ouuuuuii, répond Ruben, se léchant les babines.

— Eh bien ces bestioles dévorent toute l’ile, nous les attrapons pour les empêcher de tout bouffer.

Ruben n’en croit pas ses oreilles.

— Ils mangent l’ile ? Mais vous faites quoi des poissons ?

— On les déguste ! Leur chair est tendre et à le gout de chamallow. Allez donc au restaurant, vous m’en direz des nouvelles !

Ruben Un sol en chamallow, des poissons chamallows !

Il s’aventure sur l’ile et ses chaussures collent à cause du soleil. Winnie qui est un peu gros, n’arrête pas de faire des trous dans le sol et doit être héliporté par des poissons volants qui l’emmènent au restaurant.

C’est le bazar sur cette ile !

Au restaurant, un serveur saumon leur amène le menu. On y trouve du fromage pour le Capitaine, du bifteck pour Ruben et du miel d’abeilles sauvages rose pour Winnie. Ruben, curieux, décide de gouter au poisson chamallow. L’assiette arrive, il y a un petit pavé rose bonbon et deux grandes chips bleutés.

— C’est le même poisson qui m’a passé dans les jambes tout à l’heure ?

Capitaine Baleine acquiesce.

— Et c’est quoi ces chips ?

Le serveur saumon qui a entendu le petit garçon poser des questions, se précipite et d’une voix monocorde, semble réciter une leçon :

— Ce sont ses ailes. Les habitants de l’ile sont obligés de manger les poissons, car si on les jette de l’ile, ils reviennent. L’ile a déjà perdu 10 % de sa superficie depuis l’année dernière. C’est un vrai fléau.

Ruben goute un morceau rose et le laisse fondre sous la langue avec un air satisfait. 

— Que c’est bon !

Il se rince le gosier avec de la bière Heineken, mais heureusement, il s’agit de 0,0. Malgré tout, Ruben est complètement bourré au bout de la deuxième, et avec Winnie, il se met à chanter des chansons toc toc :

C’est le clown Pouet Pouet,

Qui s’est fait des couettes,

Et qui mange des cacahuètes !

Le voila qui pète,

Dans sa salopette,

Et ça sent fort la biquette

Capitaine Baleine applaudit ; il trouve les chansons très rigolotes et tout le monde reprend les paroles à tue-tête en riant. En sortant du restaurant ; Winnie qui n’a pas eu de dessert, s’égare et grignote un petit bout d’ile. 

Immédiatement, il se fait tackler par les poissons policiers. 

— Mais que faites vous ! C’est formellement interdit on vous a dit !

— buh, buh, balbutie Winnie, en s’essuyant les doigts sur sa marinière.

— Vous serez puni et finirez dans la casserole du restaurant vous aussi ! Vous serez au menu toute la semaine !

— Oh c’est pas gentil ça, sanglote Winnie. 

Les policiers l’embarquent mais Ruben ramasse un baton et les assomme, délivre Winnie, et vite, ils courent vers le bateau et le Capitaine Baleine met les voiles. Nos deux compères, le coeur palpitant, n’ont jamais vécu autant d’aventures. Ereinté, Winnie s’endort presque’ausssitôt.

— Zut, on pourra pas revenir ici, tant pis ! dit Ruben déçu. Cap’taine, on va où maintenant ?

— Cap sur l’ile des Cactus moussaillon !

 

Un commentaire

  • Sabrina P.

    Dis donc, sacré melting-pot ce texte ! Beaucoup de références qui nous rappellent la douce enfance ! C’est chantant et entraînant. Pas facile à déterminer l’âge des lecteurs en littérature jeunesse, c’est assez fascinant comme univers ! Belle journée et bons projets à toi !

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